Bonjour,

je suis farouchement pour la liberté d'expression, et à ce titre je devrais me réjouir de l'exceptionnelle manifestation de dimanche dernier en France.
Mais une chose me gêne fort :
Notre société occidentale confond rire et dérision.
Et c'est probablement ce qui irrite (le mot est faible) la communauté musulmane dans le Monde
Et l'Occident devrait dès lors se poser des questions sur le sens des manifestations dans les pays musulmans dans le monde contre Charlie Hebdo.
J'émet l'hypothèse qu'il y a une totale incompréhension entre les deux communautés :

les uns défendent la liberté d'expression, et stigmatisent l'horreur de ce qui a été fait (je souscris totalement)
les autres stigmatisent la dérision (rire teinté de mépris selon le dictionnaire)
Aujourd'hui chacun se sent habilité à dire n'importe quoi, du plus intelligent au plus insupportable, au risque de blesser l'interlocuteur, parce que plus rien n'est sacré, la sensibilité de l'autre n'est pas prise en compte.
le Coran n'est pas sacré pour moi, mais il ne me viendrait pas à l'idée de le brûler parce que je respecte la croyance musulmane, je veux respecter le caractère sacré que les musulmans accordent à leur livre saint.

je ne souscris pas à cette seconde manière de voir et de faire.
je ne souscris pas à la dérision ambiante, comme celle que véhiculent chaque jour les Guignols de l'Info en France, qu'elle porte sur l'islam, sur l'Eglise ou sur tout autre sujet qui est sacré pour moi, pour toi, ou pour quiconque.

Dans cette mesure je ne suis pas Charlie parce que la dérision me fait horreur, et qu'elle attise encore un peu plus les haines.
Je ne suis pas Charlie parce que ce phénomène de masse qui a consisté à se ruer dans es librairies en masse pour acheter ce canard appelé Charlie Hebdo est peu en proportion avec ce qui était le lectorat habituel de ce canard.
Mais je suis Charlie contre la pensée unique, pour la liberté d'expression et contre l'horreur de la violence.
Et il y a une sorte de pensée unique dans cet exceptionnel phénomène de dimanche dernier.